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Les conséquences de l’insalubrité, notamment celles de la ville de N’Djamena, ont été identifiées par ATRENVIRO

L'insalubrité de la ville a de lourdes conséquences sur les activités et la vie humaine. A l’issue de l’enquête, plusieurs conséquences de l’insalubrité ont été recensées auprès de la population. Extraites du Rapport d’enquête EIVN 2012, les principales sont les suivantes:

  1. Prolifération des moustiques

La prolifération des moustiques et autres insectes nuisibles a été confirmée à 98,6% par la population comme conséquence de l’insalubrité.

En effet, la présence des moustiques est remarquable en toutes saisons et se fait sentir par leurs piqûres dans les 10 arrondissements de N’Djamena. L’accumulation des ordures est une conséquence de l’irrégularité (ou du manque) de la collecte des ordures qui est une conséquence (plausible) du non-paiement des taxes ou de l’inaccessibilité de certains quartiers, provoque la prolifération des mouches qui sont très nuisibles par les micro-organismes qu’elles transportent sur leurs pattes ou sur leurs trompes. Rappelons que les mouches vertes (lucilies) et bleues pondent sur la viande ou sur les blessures d’animaux vivants (et des hommes aussi, si les blessures sont mal entretenues).

 

 Photo 1: Caniveaux envahies d'ordures de tout genre

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Sources : ATRENVIRO

On peut constater que dans tous les marchés de N’Djamena, les viandes sont vendues à l’air libre, sans protection. Ainsi, l’insalubrité ambiante de la ville contribue au développement de diverses affections comme l’amibiase (parasites contenus dans les aliments et dans l’eau), le ténia, l’ascaris, etc. dont certains sont difficiles à combattre ; les récipients abandonnés dans les bas-fonds sont propices à la constitution des gîtes larvaires (Photo 1).

 

  1. Contamination de la nappe phréatique

L’accumulation des ordures, l’absence de réseau de tout à égout pour l’évacuation des eaux usées, conjuguées au fait de déféquer à l’air libre, ont pour conséquence la contamination de la nappe phréatique par percolation et la contamination du sol. Nous ne pouvons donc être étonnés si le goût de l’eau de certains puits de pompe est un peu différent ; les fruits (concombre, tomate, maïs, etc.) provenant de la culture de ces sols contaminés ont un goût particulier. Des analyses des teneurs en polluants bactériologiques et chimiques doivent être faites pour chaque puits de pompe et pour les sols utilisés pour la culture (Photo 1).

 

  1. Les maladies

Le Choléra, la fièvre typhoïde, le paludisme, la conjonctivite, la poliomyélite et autres maladies liées à l’insalubrité sont des maladies qui font rage dans la ville de N’Djamena (97,6% de confirmation) à n’importe quel moment de l’année. Les mouches, les moustiques, les cafards et les vers sont des insectes chargés de la prolifération de ces maladies, à partir des eaux polluées des puisards, des marres, des caniveaux, des fleuves et des tas des ordures. Le nombre de ces insectes dépend en grande partie de la situation (gravité) d’insalubrité de l’environnement.

Photo 2 : Malade de choléra

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Sources : ATRENVIRO

 

  1. Conflit entre voisin

A N’Djamena, de nombreux voisins ou individus se font des conflits à cause de l’insalubrité jusqu’à parfois se traduire devant la justice ; ce fait est confirmé à 72,7% par la population. L’insalubrité est une source d’insécurité dans la ville de N’Djamena en ce sens que, pour des raisons qu’un tel a déposé des ordures devant ou derrière la maison de l’autre, a drainé l’eau du puisard vers la maison de l’autre, a connu une glissade grave sur l’eau versée sur la route par l’autre, a orienté la toiture de sa maison vers la cour de son voisin entraînant l’inondation de celle-ci en saison des pluies, on assiste à des querelles, des injures, des bagarres qui sont réglées dans les arrondissements ou chez les chefs de quartiers. Tous les arrondissements de N’Djamena ont déjà eu à trancher ces types conflits ; cependant il faudra se rapprocher des arrondissements ou des chefs de quartiers pour connaitre le nombre de conflits tranchés.

Photo 3: L'eau des puisards drainée sur les routes et les goudrons

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Sources : ATRENVIRO

 

  1. Obstruction des caniveaux

L’obstruction des caniveaux est un fait visible dans beaucoup de quartiers, surtout en ce qui concerne les caniveaux non fermés, qu’ils soient au bord du goudron ou non. L’obstruction des caniveaux qui est une conséquence d’actes d’insalubrité a pour conséquence l’inondation et l’enclavement de plusieurs quartiers pendant la saison pluvieuse et qui, à leur tour, rendent la collecte des ordures très délicate pour les services de collecte. 81% de la population affirment que les caniveaux de leurs quartiers sont obstrués (photo 1 et photo 7).

 

  1. Blocage des voies et accidents

Près de 75% des individus soutiennent que l’insalubrité bloque les voies publiques. Certaines routes de la ville de N’Djamena sont bloquées par les ordures de sorte qu’on n’envisage même pas y passer avec un engin au risque de crevaison et on est obligé de contourner. Dans plusieurs quartiers, les ordures sont jetées sur les voies publiques (Photo 4), y compris les eaux des puisards qui dégagent des odeurs nuisibles à la santé (Photo 3).

Un peu plus de 75% de la population nous font savoir que l’insalubrité provoque la crevaison des engins. En effet, La crevaison des engins se fait sentir après le blocage des voies publiques par les ordures, surtout les voies non bitumées, lorsque les objets pointus et tranchants sont exposés sur le passage (Photo 4) ; ces objets pouvant être un morceau de bois, des épines, des pointes, des morceaux de fer, ou des morceaux de verres (ou bouteilles).

Sur les tas des ordures, on trouve toutes sortes d’objets ; pour celui qui fréquente ces endroits, la probabilité pour qu’il soit blessé est très élevée. Dans la ville de N’Djamena, certains individus se promènent de tas d’ordures en tas d’ordures à la recherche des objets (bouteilles, chaussures, boites de conserve, bidons d’eau minérale, pièces des engins ou des portables, etc.) pour aller revendre pour pouvoir subsister. Parmi ces gens-là, on y trouve des enfants de tout âge (garçon et fille), des mères (parfois avec un enfant au dos), des personnes âgées, comme on peut le voir à travers les images suivantes. A la fréquentation des ordures, s’ajoute le fait que certaines voies sont bloquées par les ordures et le fait de passer par ces voies pourrait également provoquer des blessures. N’oublions pas le risque de contamination est très élevé pour ces personnes (particulièrement les enfants et les femmes pauvres) qui se blessent facilement et qui sont exposées au tétanos qui est aussi mortel. Les faits sont confirmés à plus de 80% par la population.

La proportion de la population confirmant que l’insalubrité du quartier provoque des accidents de circulation est un peu plus faible (63%) que celle des autres conséquences de l’insalubrité. Un accident de circulation peut être provoqué de plusieurs façons. Un engin à deux roues peut facilement glisser sur une peau de fruit (banane, avocat, tomate, mangue, etc.), sur le noix ou fruit de palmier, sur une bouteille, sur un plastique, sur l’eau des puisards ou une sauce gluante versée sur le passage. Ces glissades peuvent parfois renverser  l’engin ou le piéton et provoquer de graves accidents. Les routes bitumées non nettoyées peuvent également contenir des ces types d’objets (Photo 4).

Photo 4: Dépôts des ordures au bord des routes et au milieu des routes

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Sources : ATRENVIRO

 

  1. Risque de bronchite et cancer

ATRENVIRO ne perd pas de vue sur le vent de poussières et brouillards qui soufflent souvent sur la ville de N’Djamena, faisant transporter des substances nuisibles pour la santé provenant de l’insalubrité et qui sont déposées sur des aliments exposés et sans protection, et que la population respire chaque jour et chaque instant. L’insalubrité serait donc l’une des causes de la faiblesse de l’espérance de vie dans la ville de N’Djamena, comparativement aux autres grandes villes du Tchad et de la pauvreté de certains ménages.

Le brulage des déchets dégage nécessairement des odeurs nauséabondes et de la fumée. Ces dernières pourraient être à l’origine des troubles de voisinage et être la cause de la propagation d’incendie si les feux ne sont pas correctement surveillés. D’ailleurs l’article 84 du Règlement Sanitaire Départemental (RSD) stipule clairement que « le brulage à l’air libre des ordures ménagères est interdit. Les destructions des ordures ménagères et autres déchets à l’aide d’incinérateur individuel ou d’immeuble sont interdites ». Ces odeurs et fumées ont des conséquences sur la santé très élevées (les troubles respiratoires, les troubles nerveux, la détérioration du système immunitaire, le pouvoir cancérigène, etc.). En effet, des substances chimiques sont émises lors de l’incinération des déchets (comme le plastique, le caoutchouc, le bois peint, le bidon). Parmi ces substances, on peut citer des métaux lourds (le plomb, le mercure, le cadmium), des particules fines et gaz toxiques (CO, HCl, SO2, NOx, etc.), des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), etc. Ainsi, ces produits toxiques incinérés déposés sur le sol (ou sur les végétaux) et l’accumulation des ordures, tous deux par percolation, peuvent entrer dans la chaîne alimentaire de l’homme, le contaminer et le tuer. Ce qui pourrait aussi expliquer la faiblesse de l’espérance de vie au Tchad.

 

  1. Pollution de l’eau, de l’air et des aliments

Dans certains quartiers de la ville de N’Djamena, l’odeur nauséabonde se fait sentir de façon permanente (en se référant aux marres, aux espaces non aménagés, aux caniveaux, à certains marchés etc.). Lorsqu'il existe des cadavres d’animaux (chien, chat, âne, etc.) l’odeur nauséabonde devient de plus en plus fort pendant un moment sur un rayon de plus 15m. Certains individus, par malhonnêteté, jettent les cadavres d’animaux dans les puits non protégés ; d’autres par contre, pêchent dans des eaux polluées des marres, des caniveaux. Imaginez les risques de contamination lorsque les animaux péchés consomment une combinaison linéaire des produits toxiques qui y sont jetés et que des poissons provenant de ces endroits sont souvent vendus sur les marchés. Seulement 10% de la population ne confirment pas que l’insalubrité provoque la pollution de l’air, de l’eau et du sol. La pollution de l'air fait plus de 6 millions de morts chaque année dans le monde, dont plus de 500 000 en Europe.

 

  1. La perte économique et la pauvreté

Toutes ces conséquences de l’insalubrité citées ci-haut ont pour conséquence la perte économique. Tout d’abord, chaque année, l’État tchadien dépense des milliards et des milliards de francs dans le secteur de la santé pour soigner la population malade, victime des maux d’insalubrité que sont le paludisme, le choléra, la fièvre typhoïde, le rhume chronique, etc. Ensuite, pour une personne qui tombe malade, cette personne ne travaille pas ou, même si elle travaille, ses performances sont diminuées de plus de 50% (du fait de manque de concentration), ses taches s’accumulent et donc les affaires et les activités ralentissent. Enfin, une personne malade dépense absolument de l’argent pour se soigner. Étant donné que toutes les structures ne prennent pas en charges les couvertures médicales, si ces dépenses sont énormes et que la personne emprunte de l’argent pour se soigner, vu le niveau des salaires trop bas, cette personne aura du mal à s’en sortir et se retrouvera en dessous du seuil de pauvreté pendant un moment. D’autres par contre sont obligés de vendre une partie ou la totalité de leur bien pour pouvoir se soigner. Et c’est la pauvreté qui se crée. Ce qui pourrait justifier en partie le taux de pauvreté assez élevé au Tchad (54%, Rapport ECOSIT 2, 2003).

 

Résumé 1

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Sources : ATRENVIRO